Une Marie-Chantal

Dans cet extrait du film Femmes de Paris (1953) de Jean Boyer (1901 – 1965), une Marie-Chantal est jouée par Micheline Dax. Ce genre de dame maniérée est immortalisé par Jacques Chazot (1928 – 1993). Il lui donne son nom, et compose de petites histoires drôles dont elle est le sujet, puis des articles dans la revue de mode Elle, avant de publier, en 1956, Les Carnets de Marie-Chantal. On retrouve ce personnage dans Les Petits maîtres de la mode et Merveilleuses & merveilleux.

Les Marie-Chantal sont sans doute les dernières coquettes. La coquetterie est autrefois, parfois ou souvent (je n'ai pas de statistiques sur le sujet), une sorte d'armure que certaines femmes portent afin d'affirmer leur liberté dans un monde dominé par les hommes. La libération féminine et l'égalité hommes-femmes, avec le droit de vote (1944) et la pilule contraceptive (1968) notamment, changent la donne. Pourtant, de la coquetterie serait nécessaire de nos jours, chez les deux sexes, car c'est l'être humain dans son entier qui est chaque jour humilié ou qui s'humilie par son aliénation.

D'une manière générale, l'extravagance est une revendication d'autonomie. C'est pour cette raison que les mouvements de mode naissent et se développent pour la plupart chez les adolescents et jeunes personnes, s’émancipant de leur enfance et de la tutelle familiale, en créant et suivant les rythmes nouveaux, ou en se démarquant, comme le font les Marie-Chantal, qui ressemblent à de véritables extraterrestres ayant leurs us et coutumes assez 'extraordinaires', jugées comme ridicules et sans doute jouées consciemment ou inconsciemment par elles de cette manière. Le second degré a son importance, surtout dans le monde de la petite-maîtrise qui interprète sérieusement le jeu de l'inconséquence, de la futilité...

En 1955, Judith Magre (née en 1926) joue le personnage de Marie-Chantal au théâtre La Fontaine. « Mais QU’EST-CE QUE C’EST que celui-là… Il est BAROOOOQUE ! » dit-elle à un moment de la pièce. Ce genre de réplique est déjà présente chez les coquettes des XVIIe et XVIIIe siècles mais plus du tout de nos jours.

Merveilleuses & merveilleux