Têtes de pipes Gambier

Les Petits-maîtres de la Mode

On découvre parfois des informations visuelles sur la mode et les merveilleux dans des documents d’époque auxquels on ne pense pas obligatoirement. Les terres cuites en sont un exemple. Je me suis constitué sur ce sujet une collection d’assiettes historiées du XIXe siècle (voir ici).

Une source encore plus originale est celle des têtes de pipes de la Maison Gambier. Cette dernière est une importante fabrique de pipes en terre cuite, fondée à la fin du XVIIIe siècle, fermée dans la première moitié du XXe et située à Givet, ville frontière du nord-est de la France. Elle édite une grande quantité de différentes têtes (ou bols) de pipes, dont beaucoup ont la forme de têtes, notamment d’originaux de la seconde partie du XIXe siècle, comme ceux présentés ici qui sont en terre cuite blanche. Il existe des exemples émaillés.

Ci-dessus, tout en haut : Gandin portraituré sur une tête de pipe en terre cuite, de la seconde moitié du XIXe siècle (« Gandin », n°639). Ce petit-maître porte un chapeau de type haut-de-forme mais au bord très fortement relevé sur les côtés (ressemblant à celui porté par de nombreux incroyables du Directoire), un monocle et un haut col qui lui arrive jusqu’au menton.

Ci-dessus, à droite : Le second « gandin » (n°1031), a un chapeau et une coiffure semblables au précédent, mais il porte un pince-nez à la place du monocle, ainsi qu’une moustache et une petite barbichette. Son col est un peu moins haut, mais on distingue le haut de son buste : sa chemise, sa veste… Sur ce site, où l’on retrouve de nombreux modèles, on remarque que son corps est originellement en entier. Parmi les pipes de ce site, on remarque le « Sportman » (n°62) et « La Crevette », qui sont d’autres merveilleux du XIXe siècle. Le catalogue complet des pipes Gambier est visible ici et d'autres catalogues ici.

Ci-dessous : « Fashionable » (n°958, il existe la même version au n°681 : « Fashionable mignon ») et « La toque » (n°1283). Le fashionable porte un haut-de-forme, des cheveux frisés et de larges rouflaquettes, ainsi qu’un monocle et une cravate à rayures. La cocodette ou cocotte porte une toque et un voile qui couvrent sa chevelure en forme de chignon. Son cou est affublé d’une fraise, élément à la mode depuis le XVIe siècle, jusqu’à la fin du XIXe pour les femmes, et jusque vers le milieu du XVIIIe chez les hommes. Je ne sais pas si le terme de « toque » est approprié. Personnellement, je parlerais plutôt d’un « calot », qui est une sorte de couvre-chef sans bord, comme celui-ci. Vers 1865, au temps des cocottes, cocodettes et biches, la mode féminine est aux chapeaux plats, notamment à des coiffes rondes ne couvrant pas entièrement le crâne. Plus les robes s’élargissent grâce aux crinolines, plus les couvre-chefs rapetissent, comme c’est le cas sous la Régence (1715 – 1723), dont la mode du Second Empire s’inspire, et ses robes battantes portées avec des coiffures très simples et basses.

Les Petits-maîtres de la Mode
J’espère que tous les merveilleux que je vous présente dans les articles de ce blog et mes livres vous apportent un peu de fraîcheur et de gaieté !
Merveilleuses & merveilleux