La raison pour laquelle j’ai changé le nom de mon blog, de « La Mesure de l’Excellence » en « Le gandin », est la même qui fait que je préfère parler des petits-maîtres que des élégants considérés comme tels. Quand vous évoquez quelque chose de noble, beau, grand… vous pouvez être sûr que cela va attirer un grand nombre de vilains ; un peu comme les magnifiques représentations chrétiennes et leurs saints excitent des gens laids, qui viennent les prier pour juste après recommencer leurs bassesses et offrir aux cœurs purs et valeureux leurs figures grimaçantes de douleurs qu’ils s’infligent continuellement, si ce ne sont pas des gens pires encore. Ce que je dis là est évidemment un peu extrême.
Dans les dictionnaires, le terme de « gandin » est souvent assimilé à un personnage du XIXe siècle élégant mais jugé comme quelque peu ridicule. On peut donc être sûr qu’il ne captivera pas ceux qui se pensent comme de véritables beaux ! La dérision, le non-conformisme et le souci de ne pas adhérer à des concepts prémâchés est constant dans l’histoire des mouvements de mode. L'élégance elle-même n’est pas rigide, figée. Elle est subtile. Ceci dit, « La Mesure de l'excellence » reste mon 'nom' de travail.
Selon moi, le substantif « gandin » évoque une nouvelle forme d’élégance contemporaine. Ce terme, présent au XIXe siècle, est dans la continuité du gaudin médiéval. Ces noms viennent du latin gaudere, se réjouir. Sans doute un nom similaire existe durant l’Antiquité, et de façon certaine au Moyen Âge, puisqu’alors des noms sont dérivés de ce verbe, tels godin et godine qui sont de « joyeux et seyants mignons et mignonnes », comme je l’écris dans mon livre Les Petits-maîtres de la mode. À cette époque, l’orthographe n’étant pas établie, cela s’écrit aussi gaudin et gaudine. Au XIXe siècle on retrouve un nom similaire, celui du gandin, un genre d’élégant apparenté au très chic boulevard de Gand à Paris de la Seconde Restauration (1815 – 1830) et à un autre type du Second Empire (1852 – 1870).
Il me faut aussi expliquer pourquoi je ne m'intéresse presque plus qu’à la mode. C’est parce que celle-ci est civilisatrice, et que le monde d’aujourd’hui n’a rien d’une civilisation. Nous sommes dans une société foncièrement barbare, qui se dépouille progressivement de tout ce qui a fait sa grandeur, tout en cachant cela derrière un masque d’un semblant de tenue, ce que l’on peut appeler du « façadisme » ; comme on le fait en architecture, où on détruit des monuments anciens remarquables pour ne garder que les façades. Sur ce sujet, j’ai de quoi écrire un volumineux ouvrage. Malheureusement, comme je n’ai aucune aide et des obstacles, je ne trouve pas le temps pour le réaliser, bien que je souhaite le faire depuis plusieurs années... car la situation est dramatique. Le feu qui a pris lors d’une restauration de la cathédrale Notre-Dame est déjà assez révélateur, non ? Les 'restaurations' de bâtiments anciens qui 'mettent le feu', les détruisent... c'est partout en ce moment en France, et cela depuis de trop nombreuses années ! Sur l’un d’entre eux, j'ai dernièrement trouvé ce petit slogan :