PROLONGATION JUSQU'AU 29 OCTOBRE 2017
Les fleurs sont quotidiennement présentes dans notre vie, pas seulement au printemps où elles sont particulièrement nombreuses dans la nature et jusque dans les villes, mais toute l’année, en particulier à travers les inspirations qu’elles ont suscitées et continuent de le faire dans les arts décoratifs. L’exposition Le pouvoir des fleurs : Pierre Joseph Redouté (1759-1840) nous en donne des exemples de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe.
Du 26 avril au 1er octobre 2017 le Musée de la Vie Romantique à Paris propose, en partenariat avec le Museum national d’Histoire naturelle, la première rétrospective en France dédiée à Pierre-Joseph Redouté, un peintre célèbre pour ses représentations de fleurs, dont on peut contempler un portrait par Louis Léopold Boilly ici.
Protégé par la reine Marie-Antoinette puis par l’impératrice Joséphine de Beauharnais, il fut très célèbre de son temps et l’ai resté jusqu’à aujourd’hui. Comme les fleurs sauvages qui sont incroyablement résistantes aux vicissitudes, il a traversé une époque troublée sans grand problème. Dessinateur et peintre du Cabinet de Marie-Antoinette, il devint dessinateur de l'Académie des sciences, puis peintre de fleurs de l'impératrice Marie-Joséphine, professeur de l'impératrice Marie-Louise et professeur au Muséum national d'histoire naturelle.
Il s’inscrit dans une longue lignée d’artistes français qui depuis l’Antiquité se font une spécialité de ces représentations, et parlent à travers elles. Elles ont une symbolique, et leur assemblage est un discours qui peut se lire à plusieurs niveaux. Ce langage pictural est particulièrement présent dans la peinture du XVIIe siècle, à une époque où le français est lui aussi mis en forme dans une recherche d’excellence.
Pierre-Joseph Redouté est quant à lui dans l’époque des Lumières férue de sciences, de découvertes et de vérité. Ses œuvres ont cette rigueur scientifique cherchant à rendre au plus près la vérité. Elles témoignent de même des découvertes de nouvelles espèces provenant du monde entier et des croisements réalisés par des techniques toujours plus élaborées donnant de nouvelles espèces de roses ou d’autres fleurs.
C’est un peintre aussi installé dans la mouvance romantique et son apologie de la nature. Le présenter au Musée de la Vie Romantique est donc tout à fait approprié.
Il y a beaucoup de grâce, de finesse et de technicité dans ses portraits de fleurs. Si certains l’ont surnommé « le Raphaël des fleurs », je préfère voir en lui un très grand portraitiste… de fleurs !
Le thème et cette rétrospective auraient pu être beaucoup mieux fouillés et présentés plus intelligemment. On ne se rend finalement pas vraiment compte de toute la poésie et les savoirs scientifiques et artistiques que la nature a inspiré depuis toujours à l'homme, et comment M. Redouté s'inscrit en cela. On ne fait qu'effleurer l'esprit des Lumières, sa finesse. C'est dommage car le thème est particulièrement d'actualité dans notre époque qui ne retient de la science que l'asservissement et la destruction de la nature, c'est-à-dire de l'être humain. Mais les oeuvres sont belles, nombreuses et valent le détour. Le visiteur n'étant pas vraiment guidé, c'est donc à lui de trouver le chemin qui le conduira, en les contemplant, de ses yeux vers son âme et son coeur, à travers les canaux de la vie dont les fleurs sont chacune un épanouissement.
Cette exposition occupe les deux ateliers d’artiste du musée, avec 250 peintures, aquarelles, objets d’art et vélins originaux. Afin de ne pas abîmer les œuvres les plus fragiles (qui constituent la grande majorité et qui sont sur papier, vélin, soie, etc.), celles-ci seront régulièrement changées. Si la plupart des œuvres sont de l’artiste, on en trouve d’autres de ses contemporains, en particulier dans la seconde partie où il est montré la place des fleurs dans les arts décoratifs de l’époque : céramique, orfèvrerie, édition, papier peint, broderie, tissage, etc.
Le musée a souhaité ajouté de la vie contemporaine à cette exposition en présentant dans sa cour, son jardin et sa collection permanente des ouvrages d’artisans contemporains. Le fleuriste Pierre Banchereau (maison Debeaulieu) s’associe lui aussi à cet événement en embellissant ce musée de bouquets de fleurs fraîches. Sa boutique se trouve tout près au 30 rue Henry Monnier, dans ce quartier de la ‘Nouvelle Athènes’ qui conserve encore de nombreux bâtiments du XIXe siècle.
Photographie ci-dessous : Œuvres de Pierre-Joseph Redouté. Je n’en présente pas beaucoup ici car je n’ai pas réussi mes photographies trop jaunes et floues.
Photographie ci-dessous : Miniature dont l’une est de M. Redouté.
Photographie ci-dessous : Les Fleurs emblématiques ou leur Histoire, leur Symbole, leur Langage & & & par Mme Leneveux, début XIXe.
Photographies ci-dessous : Flore caressée par Zéphyr par le baron François Pascal Simon Gérard (1770 – 1837), datant de 1802. C’est une prouesse d’avoir su retranscrire en image la douce caresse du vent.
Photographies ci-dessous : Deux peintures avec un enfant dans la nature. Il s’agit de garçons. Pendant tout l’Ancien régime on habillait les enfants mâles comme des filles lors de leur petite enfance.
Photographies ci-dessous : Madame Bernard-Léon par Henri-François Riesener (1767 – 1828).
Photographies ci-dessous : Divers objets des arts décoratifs représentant des fleurs.
Photographies ci-dessous : Le musée est lui-même un peu bucolique et très romantique avec son arbre à l’entrée, sa cour et son petit jardin.
Photographies ci-dessous : Dans la collection permanente on trouve de nombreux objets d’arts et œuvres des XVIIIe et XIXe siècles où les fleurs sont présentes. Parmi les objets ayant appartenu à la famille de Georges Sand il y a par exemple cette miniature (à gauche) du XVIIIe siècle de Marie-Aurore de Saxe en bergère. La peinture de droite (détail) est aussi du XVIIIe siècle.
Photographie ci-dessous : L’un des plus célèbres portraits de la femme écrivain, présent au musée, la représente avec des fleurs fraîches dans les cheveux. Voir ici pour une meilleure photographie.