J’ai dernièrement été invité à Moulins, une ville à 2h30 de Paris par le train, très intéressante pour son dynamisme culturel et son patrimoine ancien. Avant d’en parler dans un prochain article, voici dès à présent présentée l’exposition De couleurs et d’or, qui se déroule depuis le 26 novembre 2016 jusqu’au 17 septembre 2017 au Musée Anne-de-Beaujeu.
Le titre ne nous apprend pas grand-chose sur cette exposition dont l’objectif est de présenter des objets prêtés exceptionnellement par le musée national du Moyen Âge (Hôtel de Cluny à Paris), en travaux en ce moment, et d’autres de la collection du musée Anne-de-Beaujeu qui possède de très intéressantes œuvres médiévales. Peintures, sculptures, manuscrits, tapisseries, mobiliers, céramiques, objets d’orfèvrerie… de grande qualité, en particulier des XVe et XVIe siècles (avec quelques exemples depuis le XIIe), constituent un bel ensemble que toute la famille est invitée à venir visiter, toute l’exposition étant jalonnée d’informations adressées aux enfants qui peuvent se déguiser, lire et découvrir tout cet univers qui se place à leur mesure.
« Le musée Anne-de-Beaujeu est un musée d’art et d’archéologie installé depuis 1910 dans une partie du palais des ducs de Bourbon. Cette aile, commandée par Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon, et son épouse Anne de France, est construite aux alentours de 1500. Pour la première fois en France, le style architectural de la Renaissance italienne est adopté. Ce musée réunit alors deux collections : le fonds essentiellement composé de peintures du musée municipal [...] et un ensemble très important réuni par une société savante, la Société d’émulation du Bourbonnais, depuis 1851. [...] Sans compter les œuvres issues du Bourbonnais 1 , les collections du musée concernant le Moyen Âge et la Renaissance comptent dès les années 1860 des pièces admirables en peinture, sculpture et art décoratif. Ce fonds continue de s’enrichir au fil des années par des dons mais aussi par des achats sur le marché de l’art et des dépôts du musée du Louvre. »
« Les collections conservées au musée Anne-de-Beaujeu forment deux ensembles distincts. Le premier de ces ensembles est étroitement associé à l’histoire du Bourbonnais au 15 e et au début du 16 e siècle avec le mécénat artistique des ducs de Bourbon et de leur entourage. Il est majoritairement représenté par des sculptures provenant du duché et destinées à des lieux de dévotion ou des espaces laïcs. Il est complété par des fresques et des objets d’art décoratif. Par ailleurs, le Triptyque du Maître de Moulins, chef-d’œuvre de l’art français des années 1500, est conservé à proximité, au sein de la cathédrale de Moulins. Le deuxième ensemble est constitué de peintures sur bois des 15 e et 16 e siècles provenant des Pays-Bas, d’Allemagne, d’Autriche et d’Italie. Cinq de ces œuvres sont des MNR (Musées Nationaux Récupération) 1 . Des sculptures, objets d’art, pièces d’armement complètent cet ensemble. Les œuvres les plus notables ont bénéficié d’importantes campagnes de restauration et seront visibles, dans une salle entièrement réaménagée, en 2017. »
Photographies ci-dessus : Bois sculpté, peint et doré de Sainte Barbe. Malines, Belgique. Vers 1515-1520. 30,5 x 13 x 5 cm. Paris, musée de Cluny (legs de François-Achille Wasset en 1906). © RMN-Grand Palais (musée de Cluny – musée national du Moyen-Âge) / Jean-Gilles Berizzi Service presse / musée Anne-de-Beaujeu. Le visage de cette statue est peint de blanc rehaussé de pourpre et ses yeux et cils de noir, comme le maquillage d’usage chez les femmes depuis la plus haute Antiquité jusqu’au moins la fin du XVIIIe siècle. Une particularité du bas Moyen Âge est la manière d'épiler le haut du visage afin de faire paraître le front haut, alors que durant l’Antiquité la mode est au front bas. Cette dame porte un habit à crevés avec des manches pendantes, dont le bon état de polychromie permet d’apprécier même la doublure.
Photographie ci-dessous : « Pietà d'Andrea della Robbia (Florence, 1435-1525), de vers 1505. Terre cuite peinte et partiellement émaillée. Moulins, musée Anne-de-Beaujeu (Fonds ancien du musée, achat en 1867). © Photo Jérôme Mondière. » Cette céramique comprend des parties émaillées, et d’autres non qui étaient peintes (les couleurs ont disparu avec le temps).
Photographies ci-dessous : Cette magnifique statue de la Vierge à l’Enfant appartient au musée Anne-de-Beaujeu. Elle provient de la chapelle du château de Montcoquet à Monétay-sur-Allier dans l’Allier. Elle est en pierre (calcaire), date de vers 1410 et a été fabriquée dans un atelier salzbourgeois en Autriche. Elle a conservée sa polychromie. Elle appartiendrait à un type de production élaboré en Bohême autour de 1400 appelé « Belle Madone ». Son visage est d’une expression d’une grande beauté, communiquant à celui qui le regarde la lumière de la grâce dans laquelle la Vierge se trouve. Son maintien, en forme de S avec le ventre en avant, est caractéristique de la fin du Moyen Âge, mais déjà présent dans l’Antiquité. Elle porte une longue tunique bleue avec une ceinture verte décorée de fleurs en or. Son drapé est un lourd manteau bleu tenu sur la poitrine par une fibule.
Photographies ci-dessous : Ce relief provenant d’un retable d’Allemagne du Sud (Souabe méridionale), de vers 1470 – 1480, est en bois et conservé au musée Anne-de-Beaujeu. Il s’agit peut-être d’un porte-chape, l’équivalent du porte-drapeau, la chape de St-Martin étant portée lors de batailles.
Photographies ci-dessous : Statue d’un retable représentant sainte Marthe, d’Allemagne du Sud (Haute-Souabe), de vers 1515 – 1520 et en bois avec des restes de polychromie. Elle est conservée au musée de Cluny.
Photographies ci-dessous : Statue d’une Vierge à l’Enfant de vers 1515 – 1525, en bois, du musée Anne-de-Beaujeu.
Photographies ci-dessous : Détail d’un groupe sculpté, en bois de chêne, d’Anvers (Belgique), de vers 1520 – 1530 et conservé au musée de Cluny. Cette femme porte une coiffure caractéristique du XVIe siècle, en forme de casque.
Photographie ci-dessous : Détail d’un relief du bas Moyen Âge.
Photographie ci-dessous : Coupe de mariage en faïence lustrée de Deruta (Italie du Centre), de 1500 – 1520, appartenant au musée Anne-de-Beaujeu.
Photographies ci-dessous : Cruche en grès, de Cologne en Allemagne, de vers 1535 – 1565 et conservée au musée Anne-de-Beaujeu.
Photographies ci-dessous : Coffre de mariage décoré de scènes courtoises, d’Italie du Nord, de vers 1460 – 1480 (?), en bois, du musée du Cluny. Scènes de l’univers courtois autour d’une fontaine.
Photographie ci-dessous : Dessin d’un homme sauvage dans une lettrine d’un manuscrit de vers 1462 – 1487. Moulins, Archives départementales de l’Allier. Le thème de l’homme sauvage est propre au Moyen Âge et particulièrement intéressant, car à l’opposé de la sophistication des modes d’alors.
Photographies ci-dessous : Socle d’une croix processionnelle parisienne du XVe siècle, en cuivre doré et conservée au musée de Cluny.
Le billet pour cet exposition ouvre aussi aux salles de la collection permanente et à une demeure du XIXe siècle dont tout le mobilier a été conservé. Ici un article du blog écrit sur ce sujet et sur le patrimoine de la ville de Moulins.