Alors que demain 9 février le Pjl liberté de création, architecture et patrimoine sera discuté à l'hémicycle du Sénat, il serait intéressant de voir comment les autres pays européens réforment aujourd'hui leurs lois sur leur patrimoine culturel. On y trouverait sans doute la même évolution qu'en France, c'est à dire notamment une présence croissante du privé au détriment des services publics. Depuis quelques mois en Grande-Bretagne des mobilisations ont eu lieu contre cela dont dernièrement certaines contre la privatisation des emplois au Victoria and Albert Museum. En 2015, la grande majorité du personnel de la National Gallery s'était mis en grève afin de dénoncer la privatisation d'emplois (voir article de Le Monde ici).
Prenons le cas de l'Italie. L'ouverture des directions de grands musées et parcs archéologiques italiens à des étrangers a fait grand bruit. Mais les changements sont plus profonds encore. Comme en France cela commence par des restrictions budgétaires (en 2012 l’Italie a réduit à 0,2% la part de la culture dans la budget de l’État), puis par la recherche de mécènes et l'ouverture à des fondations privées, voire des entreprises comme le fait maintenant le nouveau gouvernement de la péninsule. Pour Matteo Renzi, chef du gouvernement italien, et son ministre 'des Biens et des Activités culturels et du Tourisme' (Ministero dei Beni e delle Attività Culturali e del Turismo), Dario Franceschini, l'objectif est d'ouvrir le secteur culturel depuis les grands groupes jusqu'aux entreprises innovantes en passant par les moyennes et petites entreprises. Comme pour le projet de loi français, il est proposé « de reconnaître la légitimité de l’art contemporain et de l’architecture » (moderne), c'est à dire de les définir comme des priorités, discréditant ainsi le patrimoine ancien (art et architecture). Les nouvelles prérogatives insistent aussi sur le développement de la commercialisation des services touristiques et culturels, leur compétitivité.
Pour les politiques qui gouvernent l'Italie comme la France, la culture se limite à sa valeur marchande. C'est à dire qu'elle ne signifie plus grand chose pour eux. On ne cultive plus l'esprit mais l'argent dans une atmosphère nihiliste et décadente dont l'art contemporain se fait le reflet.
Quant à l'Union européenne elle favorise le remplacement des services publics des pays, par ses subventions (avec celles du privé) et par les orientations qu'elle promeut souvent indirectement.