Dans l'article intitulé Projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine (1) : Vous avez dit « création », « architecture » et « patrimoine » ? je parle de mon inquiétude concernant trois hôtels particuliers en travaux depuis plusieurs années : l'hôtel Lambert (XVIIe siècle), l'hôtel Crillon (XVIIIe) et l'hôtel Tubeuf du XVIIe siècle (site Richelieu de la Bibliothèque nationale). Je suis allé voir les permis de construire affichés comme la loi l'exige.
La date de permis de construire de l'hôtel Lambert date de juin 2009. Il s'agit d'une « rénovation complète ». Voilà ce que le permis de construire placardé sur place indique :
« L'Hôtel Lambert est restauré en totalité. Cette restauration comprend dans un premier temps les extérieurs tels que les façades, les menuiseries, les toitures et la charpente. Un deuxième temps est consacré à la restauration des décors intérieurs ainsi qu'à l'aménagement des différents espaces. Ils recevront les équipements techniques d'aujourd'hui : électricité courants forts, courants faibles, plomberie et ventilation. Les dispositions des pièces anciennes sont conservées et leurs décors sont mis en valeur. »
Il semblerait donc qu'aucun ascenseur pour voitures ne soit en construction, ni de garage en dessous, ni rien de cassé. Cet édifice avait été conservé dans son jus, ce pour un bâtiment du XVIIe siècle. Il va dorénavant recevoir le 'confort' moderne, ce qui va réduire son authenticité.
Pour l'hôtel Crillon, dont le permis de construire date du 9 septembre 2009, il est inscrit :
« Réaménagement d'un bâtiment de 6 étages avec extension du sous-sol, mise aux normes de sécurité et accessibilité, démolition partielle de planchers du 1er au 6ème étage, suppression de l'ensemble des édicules en toiture et ravalement de toutes les façades d'un bâtiment à usage d'hôtel de tourisme. »
Ce permis de construire a été prorogé d'un an à compter du 9 septembre 2012. Pour cette prorogation voilà ce qui est écrit :
« Réaménagement intérieur de l'hôtel (130 chambres au lieu de 145) avec la construction de plancher en extension du 2ème sous-sol, la création d'une piscine et d'une salle de sport au 1er sous-sol, la démolition partielle de plancher à l'entresol et la modification d'une baie avec dépose de la porte du local bagages, à rez-de-chaussée sur rue. »
Une seconde prorogation a été accordée le 23 juin 2014 :
« Redistribution des locaux du 1er sous-sol au 6ème étage, création d'une galerie de liaison au parc de stationnement au 1er niveau de sous-sol, suppression de la mezzanine au droit du salon Gabriel à rez de chaussée et modifications ponctuelles en façade sur rue de l'hôtel Crillon. »
La « surface des bâtiments à démolir » est en tout de 6 999 m2 (54 m2 + 3 380 m2 + 3 565 m2).
Ce bâtiment du XVIIIe siècle est aujourd'hui posé sur plusieurs étages de béton constitués de garages, de piscine, de salle de sport etc. Il n'existe sans doute plus aucune des fondations d'origine. Des planchers vont être partiellement démolis sur les six étages, ce qui veut dire une nouvelle démolition partielle de ce bâtiment du XVIIIe siècle, sans doute afin de construire un ascenseur dans ce lieu qui en compte déjà. Quant à la
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Pour la bibliothèque nationale rue de Richelieu et l'Hôtel Tubeuf. Une « autorisation de travaux sur un immeuble classé au titre des monuments historiques » date du 9 janvier 2012. Sur la pancarte il est indiqué : « restauration des menuiseries extérieures de la façade est, de Robert de Cotte » de la Bibliothèque nationale de France.
Une autre pancarte renseigne sur des travaux sur le « quadrilatère Richelieu : redéploiement des départements spécialisés de la BNF, installation des bibliothèques de l'INHA et de l'ENC » dont le « permis de démolir » date du 13 avril 2010. La « nature des travaux » concerne les « Démolitions partielles de planchers et de toitures, percement de murs porteurs. » La « surface hors œuvre nette » est de 13 425 m2.
De l'autre côté des bâtiments, là où se trouve l'entrée pendant les travaux, une pancarte indique un « projet de rénovation du quadrilatère Richelieu » alors que le permis est un « permis de démolir ».
Le Quadrilatère Richelieu est, comme l'indique le site de l'INHA « le berceau historique de la Bibliothèque nationale de France (BNF). Autrefois composé du Palais Mazarin, de l’hôtel Tubeuf, de la galerie Mansart et de deux édifices abritant la Bibliothèque royale, il accueille la BNF dès la première moitié du XVIIIe siècle. »
Détruire plusieurs centaines de m2 de cet ensemble me semble assez scandaleux. Reste à savoir quelles sont les parties qui ont été démolies.
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