Je n'y connais absolument rien en art africain. Esthétiquement je ne me sens pas proche de celui-ci ; tout en sachant que le sentiment esthétique dépend aussi de l'éducation, du lieu de naissance et de croissance et d'autres facteurs propres à chacun. Une femme de Côte d'Ivoire me disait récemment que les canons esthétiques ne sont pas les mêmes pour tous. Certains apprécient les lèvres charnues, les fesses proéminentes etc. Elle me disait aussi une chose intéressante : que nombre de jeunes de Côte d'ivoire de descendance royale dans leur région l'ont quittée pour venir en France afin de faire leurs preuves, où ils sont souvent confrontés à une vie très dure, sans pouvoir retourner dans leur famille qui les a reniés après leur départ. Souvent ces personnes sont détentrices d'une tradition et lignée très profondes… chacun une véritable encyclopédie spécifique. M'étant intéressé au Tibet, la dernière grande civilisation du monde à s'être ouverte à lui, je me suis rendu compte combien la profondeur d'une culture pouvait dégénérer, ou le contraire, simplement selon l'image que l'on s'en fait dans son esprit et celle que les autres nous projettent. Ainsi un véritable paradis peut sembler être un lieu barbare pour certains, un sage passer pour un fou ou je ne sais... Par exemple pouvons-nous ne serait-ce qu'imaginer ce qu'était ce qu'on appelle 'l'Âge d'Or' ? Je n'y connais donc rien en art africain, mais comme il me semble qu'il est attaché à sa terre de naissance, à son patrimoine, son imaginaire, sa société, les rythmes communs propres à des entités géographiques, sociales, culturelles particulières... et pour l'histoire commune que l'Afrique partage avec l'Occident, et en particulier pour l'Afrique francophone : la France, je trouve important de parler ici de l'exposition que je n'ai cependant pas encore vue : Les maîtres de la sculpture de Côte d'Ivoire qui se déroule du 14 avril au 26 juillet 2015 au Musée du quai Branly. Celle-ci présente des oeuvres de maîtres reconnus de la sculpture des XIXe et début du XXe siècles de six régions de Côte d'Ivoire : les Gouro et les Baoulé au centre, les Dan à l’ouest, les Sénoufo au nord, les Lobi au nord-est et les peuples lagunaires au sud-est, ainsi que quelques oeuvres contemporaines.
Photographie : Maître de Bouaflé : Masque gu avec cornes, XIXe siècle. Inv. RAF 466. H. 35,7 cm. Côte d'Ivoire, sud du pays Gouro. © Museum Rietberg Zürich. Photo : Rainer Wolfsberger. Cadeau Rietberg-Gesellschaft. Ancienne collection Paul Guillaume, avant 1920.