Sur la toilette…

Les Petits-maîtres de la Mode

Dans Gorgias (Γοργίας) de Platon, Socrate affirme que : « Sous la gymnastique s’est glissée […] la toilette, pratique frauduleuse, trompeuse, ignoble et lâche, qui emploie pour séduire les airs, les couleurs, le poli, les vêtements, et substitue le goût d’une beauté empruntée à celui de la beauté naturelle que donne la gymnastique. » (traduction de Victor Cousin reproduite dans remacle.org).

Si, comme le philosophe, je pense que la beauté et la santé du corps sont plus importantes que l’apparence que l’on se donne, plaçant même la beauté et la santé de l’esprit au-dessus de celles du corps, je crois que la toilette est tout de même très estimable, une sorte d’offrande, une politesse, une œuvre d’art dessinée dans l’espace de la vie sociale.

On dit que Socrate n’avait pour vêtement qu’un seul manteau, sans doute un himation ; ce qui ne l’empêchait pas de fréquenter toutes les classes de la société, notamment les plus élevées et les plus coquettes, comme le bel Alcibiade un de ses disciples.

Quant à Gorgias, qui est critiqué par Socrate et Platon dans cet écrit, il s’agit d’un des premiers sophistes enseignant la rhétorique comme art de la persuasion. Il n’était pas aussi vénal que présenté par ces deux philosophes. Une anecdote le prouve. On dit qu’il vécut 108 ans ; on lui demanda d’où venait le succès de sa longévité, et il répondit : « Je n’ai jamais rien fait en vue de plaire à quelqu’un. »

Selon moi, la toilette n’est pas un art de plaire, mais, je le répète, un art de s’offrir et aussi de partager… un art du plaisir aussi. J’ai beaucoup écrit sur ce sujet dans mon blog.

Ci-dessus : Photographie sans doute des années 1940.

Ci-dessous : Illustration de première de couverture du Petit journal pour rire (« Journal amusant, des modes parisiennes et de la toilette de Paris ») : « Balivernes, – par A. Grévin. » « - Décidément, chère amie tu as manqué ta vocation ; tu aurais eu du succès en peinture. » Alfred Grévin (1827 – 1892), connu pour son musée et ses caricatures, était aussi un illustrateur (caricaturiste) des modes important. Voir des exemples croustillants dans ces articles : Drôles de pistolets, Drôles de pistolets II et Suspension dans le temps.

Les Petits-maîtres de la Mode
Les Petits-maîtres de la Mode

Ci-dessous : Autre illustration de première de couverture du Petit journal pour rire : « Croquis parisiens, – par A. Grévin. » « - Au fait, comment la trouves-tu, ma petite femme ? - Heu ! Heu !!… tu sais, moi pas connaisseur en peinture ! »

Les Petits-maîtres de la Mode

Ci-dessous : Détail d’une gravure anglaise de vers 1830, représentant ce que les Anglais appellent une « dandinette » (ainsi écrit en anglais), en train de se maquiller.

Les Petits-maîtres de la Mode
Merveilleuses & merveilleux