Le Journal des Dames et des Modes est sans aucun doute la plus célèbre revue de mode de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe, du temps des incroyables, belles, et autres merveilleuses et merveilleux. Elle est fondée à Paris en 1797, et se poursuit jusqu’en 1839. Pierre de La Mésangère devient rapidement son directeur. Chaque numéro possède une gravure de mode. Le dessinateur et le graveur qui sont à l’origine de l’estampe signent rarement. Il est donc difficile, voire impossible d’identifier les auteurs. Pour Horace Vernet (1789 – 1863) c’est différent, car il insère un monogramme au bas de son dessin. Mais le fait-il systématiquement ou occasionnellement ?
Ci-dessus, de gauche à droite, dessins gravés d’Horace Vernet provenant du Journal des Dames et des Modes :
– Signature d’Horace Vernet.
– Planche n°1372, datée de 1814 : « Chapeau et par-dessus Garnis de Rouleaux. »
– Planche n°1434, de 1814 : « Robe de mérinos garnie d’une bande de pluche-velours. »
- Planche n°1596, datant de 1816 : « Chapeau de Gaze. Châle de Tissu. Robe de Perkale. » Elle est signée « HV » et « B ».
Ci-dessous : Planche n°1566, datant de 1816, : « Chapeau de paille d'Italie. Robe de Perkale. » Elle est signée « HV. » et « B ».
Ci-dessous : Planche n°1662, de 1817, représentant un enfant habillé de « Chapeau de paille. Robe et pantalon de perkale. » On a les signatures « HV » pour le dessinateur et « B » pour le graveur. Cet enfant peut aussi bien être une fille qu’un garçon, car dans l’Ancien Régime, dans leurs premières années les enfants des deux sexes sont habillés de la même façon, en robe.
Horace Vernet est le fils d’un autre peintre/dessinateur célèbre : Carle Vernet (1758 – 1836). Ce dernier est à l’origine de quelques représentations de scènes avec des merveilleuses et des incroyables, dont les gravures deviennent célèbres, comme celles ci-dessous.
Ci-dessous : deux gravures dont Carle Vernet est le dessinateur, avec « Les Mérveilleuses » (ainsi écrit) et « Les Incroyables ».
Collègue d’Horace Vernet, Louis-Marie Lanté (1789 – 1871) collabore encore plus activement que lui avec Pierre de la Mésangère, notamment en fournissant une grande quantité de dessins pour sa revue Journal des Dames et des Modes. Je ne connais aucune gravure de ce journal signée par lui, car comme dit précédemment, il est rare que les artistes indiquent leur nom sur ces estampes. Georges-Jacques Gatine (1773 – 1824) est le graveur de la plupart de ses œuvres. L.-M. Lanté dessine aussi les merveilleux et les merveilleuses ainsi que les modes populaires régionales et des ouvrières (grisettes) de son époque. La gravure présentée ci-dessous est la planche « N°68 » de Costumes de femmes du pays de Caux et de plusieurs autres parties de l’ancienne province de Normandie, dessinés par L.-M. Lanté, gravés par G.-J. Gatine et avec des notices de Pierre de la Mésangère (Paris, imp. le Goupy, 1827). Avec les mêmes et Horace Vernet, il est à l’origine de : Incroyables et Merveilleuses (Paris, Journal des Dames et des Modes, 1810 – 1818). Avec G.-J. Gatine et P. de la Mésangère, il compose Les Ouvrières de Paris (Paris, Journal des Dames et des Modes, 1816 – 1827, suite aussi connue sous le titre Costumes des Grisettes et Ouvrières de Paris ou Costumes des Marchandes et Ouvrières de Paris) et Galerie française de femmes célèbres par leurs talents, leur rang ou leur beauté (Paris, Journal des Dames et des Modes, 1827).
Ci-dessus : « Costume de Cosville, près Dieppe ». Gravure sculptée par « Gatine » d’après un dessin de « Lanté ». Cette Normande est en train de filer. Elle est parée notamment d’un étonnant col fraisé, partant du cou et montant jusqu’au-dessus des tempes !
Ci-dessous : Gravure d’un journal de mode de « Mars 1842 », avec les signatures de Lanté comme dessinateur et Gatine comme graveur, ce qui montre la longue collaboration établie entre ces deux artistes.
Ci-dessous : Merveilleuses dessinées par Horace Vernet provenant de Incroyables et Merveilleuses (Paris, Le Journal des Dames et des Modes, 1810 – 1818). Ces estampes sont collées sur un support et très tâchées. Mais un original, même abîmé, vaut mieux qu'une belle copie. Pourtant, il m'est souvent arrivé de trouvé des copies vendues plus cher ! Il en est de même pour les personnes originales : Un merveilleux qui en a l'esprit mais pas le moyen de l'apparaître est beaucoup plus intéressant qu'un individu qui ressemble à un merveilleux mais n'en a pas l'esprit. Même si l'apparence fait beaucoup dans l'univers de la petite-maîtrise, un original reste toujours plus intéressant qu'une copie, sauf bien sûr, si cette copie est une réinterprétation personnelle qui devient alors originale. Dans ma collection, je ne possède pas un exemple de cette suite exécuté par MM. Lanté et Gatine. À l’époque de cette parution, on appelle les petits-maîtres de l’époque encore « merveilleux » et « merveilleuses », parfois « incroyables » et de bien d'autres noms, comme « belles », « beaux », etc. Voir le livre Merveilleuses & merveilleux.
Ci-dessus : « Paris Merveilleuse N°2 » « Horace Vernet Del. » « Capote de Perkale écrue. Fichu et Brodequins écossais. Ombrelle de Perkale. »
Ci-dessus : « Paris Merveilleuse N°4 » « Horace Vernet Del. » « Coiffure Asiatique. Robe de Bal Rayée en Rubans. » Dans les années 1810, certains merveilleux s’habillent ‘à la chinoise’, comme nous le verrons dans un prochain article. Ici la robe allie la simplicité à des ornements de franges, rubans, nœuds et fleurs, ainsi que de délicates superpositions.