Cela fait longtemps que l'on nous dit qu'une importante inondation est à attendre dans la capitale. Cependant on bâtit toujours plus profondément dans le sol et parfois à côté de la Seine. On construit sous des bâtiments très anciens plusieurs étages en sous-sol. Presque sous tous les musées et bibliothèques parisiens, même ceux logés dans des monuments les plus prestigieux, on a creusé pour y mettre des salles et le plus souvent leurs réserves. D'autres lieux anciens privés à Paris ne reposent aujourd'hui que sur du béton, comme l'Hôtel Crillon, du XVIIIe siècle, auquel on ajoute toujours plus d'étages en sous-sol pour y mettre des garages, piscines et autres.
Deux endroits sont exemplaires en ce sens, et ont tous deux eu des problèmes d’inondations ces dernières semaines : Le Louvre et la BNF rue de Richelieu.
Dans les années 1980-1990 (ce n'est pas si vieux que cela) le Louvre a été entièrement éventré, de même qu'une partie du jardin des Tuileries, pour y installer des garages, boutiques, réserves, salles d'exposition, et autres joyeusetés (salles de projection, de conférence, d’événement, etc.), tout cela à côté de la Seine ! Dernièrement, ce musée a été touché par des inondations. J'en ai parlé dans cet article. Ce qui me fait réagir aujourd'hui, c'est la lecture de celui de La Tribune de l'Art, qui nous explique qu'on ne nous dit pas tout. Cela n'est pas étonnant, la démocratie a déserté les instances culturelles publiques et est inexistantes dans les privées.
On apprend aussi dans cet article, qu'après l’inondation causée par une climatisation à la Bibliothèque nationale de France (voir ici), rue de Richelieu, cette même année, une autre a eu lieu dernièrement, à cause de la pluie, touchant notamment une centaine de manuscrits médiévaux. C'est grave non ? L'article sur ce sujet (voir ici) n'est visible entièrement que pour les abonnés de La Tribune de l'Art... Mais il faut bien vivre... Moi je survis à peine avec mon blog sans rien gagner du tout. Mais pour en revenir à la BNF rue de Richelieu : Elle se trouve à quelques centaines de mètres de la Seine, et malgré cela on a encore creusé récemment dans ses sous-sols ou modernisé ceux-ci pour y mettre de prestigieuses réserves... à plusieurs mètres en dessous du niveau du fleuve (il doit y avoir quatre étages en sous-sol) ! La mairie de Paris ne considère cependant pas qu'elle soit en zone inondable comme on le constate sur le plan des zones inondables à Paris visible ici. Acceptons-en l'augure.
Ce qui est remarquable, et que l'article de M. Didier Rykner soulève, c'est l'omerta qui règne dans beaucoup d'institutions culturelles publiques françaises, dont son site donne régulièrement des exemples. Alors que ce que j'appelle l’architecture RER prône la transparence, et que pour cela on détruit des bâtiments anciens remarquables pour dégager l'espace, faire rentrer la lumière, permettre la circulation... la désinformation et l'obscurantisme régentent. Non seulement la démocratie disparaît dans ces instances, mais aussi l'information et même la concertation, comme pour les réserves du Louvre installées à Liévin sans que la plupart des conservateurs soient d'accord et même sans les avoir consultés.
Photographie, de la grande crue de la Seine de janvier 1910, provenant de la collection personnelle de Claude Shoshany et numérisée par ses soins. Domaine public : https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4144550