Paris et sa banlieue ont conservé quelques rares folies du XVIIIe siècle : ces villas construites en campagne, mais près de la ville, permettant à leur propriétaire de se divertir bucoliquement et à l'écart. Citons celle de Bagatelle dans le bois de Boulogne, la folie Saint-James située à Neuilly-sur-Seine, le pavillon de l'Ermitage (rue de Bagnolet à Paris) ou le pavillon Pompadour (ou pavillon Carré de Baudouin) situé rue de Ménilmontant dans le 20e arrondissement de Paris.
J'ai visité au mois d'août cet édifice qui a appartenu notamment au XIXe siècle à la famille Goncourt et aux sœurs de Saint Vincent de Paul qui y fondèrent un orphelinat. Nicolas Carré de Baudouin, qui en hérite en 1770, ajoute la remarquable façade de style néo-classique à quatre colonnes. Le pavillon est inscrit au titre des monuments historiques par un arrêté du 19 octobre 1928. Acheté par la ville de Paris en 2003 il est 'réhabilité' (je reprends le terme de Wikipédia qui on le remarquera ne montre aucune photographie de l'intérieur... pour sûr) par deux architectes pour en faire un espace culturel ouvert en 2007. Cette 'réhabilitation' est un nouvel exemple du saccage de nos monuments anciens. Les architectes n'ont pas cherché à retrouver l'ambiance d'une folie du XVIIIe siècle. Pire il ont tout blanchi, mis des éléments d'architectures modernes, complètement gommé son atmosphère à l'intérieur. J'ai pris plusieurs photographies qui le montrent.
Photographies : À gauche - Façade avec ses jolies colonnes. Ci-dessous - Intérieur du bâtiment. Cherchez-y les éléments du XVIIIe siècle... © LM.
La dernière fois que je suis allé visiter cette folie il y avait une exposition d'art contemporain avec certains sujet très révélateurs. Voir les photographies ci-dessous.
Les instances publiques et les architectes contemporains appréhendent trop souvent les monuments anciens d'une manière que je trouve choquante. Plusieurs articles de mon blog relatent de véritables saccages. Je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas appel à des artisans d'art connaissant et utilisant les techniques d'époque pour faire vivre ces lieux, des tailleurs de pierre, charpentiers... J'ai beaucoup évolué dans le domaine de l'art et des antiquités. J'ai vu la minutie nécessaire pour restaurer des objets et œuvres d'art et les connaissances dans leur histoire que cela implique. J'ai constaté combien il est nécessaire d'intervenir le moins possible sur ceux-ci afin de leur laisser baigner dans leur jus, conserver leur authenticité. Je suis donc dégoûté de voir comment beaucoup d'architectes modernes abordent les constructions anciennes. Pour moi ils ressemblent à des peintres en bâtiment à qui on demanderait de restaurer une peinture de François Boucher.
Il faudrait qu'une nouvelle école d'architecture naisse, ayant une conscience du beau, du goût, de la valeur des choses... des notions aujourd'hui tabous !