Photographie : Harpe Erard (détails) © J.-M. Anglès - Cité de la musique.
La musique est un thème que j'affectionne tout particulièrement, puisqu'elle est aux fondements du rythme qui est le sujet de nombreux articles de ce blog.
Si le musée de la Cité de la Musique se trouve dans un lieu peu imprégné d'histoire contrairement à nombre d'autres musées parisiens, il n'en reste pas moins magistral de par le corpus qu'il rassemble : faisant se côtoyer, dans une mise en scène gracieuse et riche, de nombreux instruments de musique d'exception et quelques oeuvres d'art. Parcourir ce chemin d'objets dont les formes jouent un mouvement dans notre regard c'est voyager à travers quatre siècles en suivant un air qui malgré les multiplicités d'instruments garde un fondement semblable : l'héritage fabuleux de la musique occidentale. Ce parcours chronologique nous fait voyager du XVIIe siècle au XXe en Occident et traverser les principales cultures musicales du monde. Quatre espaces témoignent chacun d'un siècle de l’histoire musicale occidentale et une double salle est dédiée aux musiques du monde.
Photographies : Clavecin de Ioannes Couchet (Anvers, 1652) © J.-M. Anglès - Cité de la musique. « D’une grande qualité d’exécution, cet instrument confirme l’attrait des clavecins flamands en France au début du XVIIIe siècle. Ravalé en 1701, il reçoit à cette occasion un nouveau décor de grotesques sur fond doré, appelé « à la Bérain » du nom du célèbre ornemaniste. Le piétement avec cariatides est un des rares originaux de l’époque de Louis XIV. L’ensemble compose un mobilier homogène élégant. »
La première étape du musée est consacrée au XVIIe siècle, depuis L'Orfeo de Monteverdi, premier opéra à nous être parvenu, jusqu'à la musique à la cour de Louis XIV. Un ensemble d’instruments reflète cette époque : un régale-bible, une contrebasse de viole, des cornets à bouquin, des cistres et luths, une remarquable collection d’instruments des célèbres luthiers Sellas, des claviers italiens, des guitares baroques, des violes de gambe et clavecins flamands et français, une flûte traversière en cristal, une flûte à bec , une contrebasse de 2 m de haut. Le tableau de Nattier La Leçon de musique apporte une illustration raffinée à ces objets d'art qui ne le sont pas moins, et qui nous emportent littéralement sur les notes qu'ils gardent en sommeil, comme c'est le cas pour les trois autres parties.
Photographie : Clavecin d'Antoine Vater (Paris, 1732) © J.-M. Anglès - Cité de la musique. « La rareté et l’état de conservation de ce clavecin sont exceptionnels. Cinq instruments seulement de ce facteur, d’origine allemande et membre de la corporation des facteurs de Paris, sont répertoriés. L’instrument nous est parvenu dans un état proche de celui d’origine avec une table d’harmonie aux couleurs préservées. »
La seconde section est dédiée au XVIIIe siècle. Comme on peut le lire sur le site : « Une sélection d’instruments originaux évoque le salon de La Pouplinière, mécène de Rameau pendant 20 ans : une délicate harpe ornée de chinoiseries, une cithare sur table appelée tympanon, une paire de cymbales frappées aux armes du Duc de Richelieu... Époque également marquée par un discours esthétique sur une nature idéalisée, dont Rousseau se fait le chantre, le XVIIIe siècle connaît une vogue éphémère pour les musiques pastorales, et ses musettes et vielles à roue jouées par d’aristocrates bergères. En parallèle, la pratique des concerts publics se répand et permet la diffusion de répertoires de compositeurs italiens, viennois et allemands. En 1778, le Concert spirituel accueille Mozart pour sa Symphonie en ré majeur dite « parisienne » au Palais des Tuileries, salle dont le Musée présente la maquette. »
Photographie : Piano à queue de Chopin d'Ignace Pleyel (Paris, 1839) © J.-M. Anglès - Cité de la musique. « Au XIXe siècle, le piano symbolise l’aisance matérielle et la bonne éducation, témoignant de l’avènement de la bourgeoisie. La sonorité riche et puissante du piano, résultat d’innovations successives, offre des effets de nuances très contrastés répondant aux exigences de la musique romantique et plus particulièrement à une nouvelle forme de concert, le récital. Le public est fasciné par le musicien soliste : compositeurs et interprètes virtuoses, Franz Liszt, Sigismund Thalberg et Frédéric Chopin élaborent de nouvelles techniques de jeu sur lesquelles repose l’enseignement moderne du piano. Sensible à la douceur et l’intimité du son des pianos Pleyel, Chopin apprécie tout particulièrement la mécanique à simple échappement, à laquelle la firme restera fidèle jusqu’à la fin du siècle. »
Le « ... XIXe siècle est présenté dans le Musée sous ses multiples facettes. En réaction au classicisme et au règne de la raison du siècle précédent, le langage musical du XIXe siècle, influencé par les mouvements littéraires germaniques, témoigne d’un goût marqué pour l’expression des sentiments, le mysticisme et le surnaturel. […] Une vitrine consacrée aux cinq violons du célèbre Stradivari [Antonio Giacomo Stradivari dit Stradivarius, né en 1644 à Crémone] que comptent les collections, et une dévolue à la symphonie Eroica de Beethoven, illustrent les deux formations dominantes au XIXe : le jeu soliste et la musique symphonique. Liszt et Chopin, dont le Musée possède des pianos sur lesquels ils ont joué, incarnent la figure du musicien romantique, virtuose et passionné, pour lequel les facteurs d’instruments rivalisent d’ingéniosité. Motivés par les besoins croissants de timbres et de puissance de l’orchestre, notamment celui de Berlioz, qui atteint des dimensions démesurées, de nouveaux instruments voient le jour. Si le plus spectaculaire du Musée est sans conteste l’octobasse de Vuillaume, immense contrebasse de 3m50, le plus célèbre reste le saxophone dont le Musée possède plusieurs pièces de l’atelier même de Sax. »
Je ne vais pas trop m'étendre sur les autres pièces de ce musée mais plutôt présenter un antiquaire. Les antiquaires sont parfois des défricheurs qui retrouvent des objets à qui ils redonnent leur lustre, et dont certains parcourent les ventes aux enchères internationales. Le site de William Petit propose de nombreux instruments de qualité.
Photographie : Harpe de Sebastian Erard à la galerie William Petit.
A noter aussi le Musée des instruments de musique de Bruxelles.
© Article LM