Tours d'horizons, paysages en papier peint.

La nouvelle exposition du musée du Papier peint de Rixheim, commencée le 3 décembre 2016 pour se poursuivre jusqu’au 31 décembre 2017, est intitulée : Tour d'horizons, paysages en papier peint.

Je ne l’ai pas vue, mais suis certain qu’elle est intéressante. Le musée conserve une très belle collection regroupant « pratiquement tous les aspects de la production du papier peint, du plus courant au plus exceptionnel, du 18e siècle à nos jours ».

Le titre de cette exposition est particulièrement évocateur. Avoir un horizon, cela est vital pour la construction d'une société comme pour celle de la vie d'un être humain. La perspective, l'espoir, permettent d'ouvrir les possibilités et l'âme à l'infini. Chaque époque a ses horizons. Les représentations de paysages permettent d'en proposer de nombreuses variations. Le papier peint est particulièrement propice à ce genre de décor. Il est une forme d'art total, enveloppant l'individu et l'accompagnant dans sa vie de tous les jours, notamment dans ses moments de détente où son âme peut se laisser porter et se 'perdre' dans cet espace créé. Il apporte de la rêverie et ouvre l'espace. Les papiers peints ont notamment cette fonction : de rendre plus grands les espaces, tout en les décorant d’une manière charmante. C’est aussi, comme le dit très justement le dossier de presse, la représentation de « l'évolution de la vision du monde et de la société qui se reflète dans ces décors tantôt luxueux, tantôt modestes ».

Si les premiers papiers peints sont sans doute des gravures collées sur les murs, « Les premiers paysages imprimés sont réalisés en papiers dominotés, en Angleterre puis plus tard en France. Ces feuilles de papiers imprimées, colorées à la détrempe puis collées bout à bout, représentent des scènes de chasses ou des scènes galantes. »

« En France, les décors en arabesques incluent dans une composition verticale des petits paysages bucoliques. Les papiers peints répétitifs montrent des îlots de verdure avec chaumières, ruines, bergers et animaux d’élevage. Ce répertoire caractéristique de l’époque des Lumières combine le goût pour les vestiges antiques soutenu par la mode du Grand Tour, voyage effectué dans le sud de l’Europe par les jeunes gens des plus hautes classes de la société européenne, et un intérêt nouveau pour la nature dans l’esprit de Jean-Jacques Rousseau. »

Photographies ci-dessous : À gauche - « Doddington Hall, Lincolnshire (Grande-Bretagne), vers 1760, papier peint imitant un Print room avec des gravures encadrées collées au mur, Londres, Victoria and Albert Museum. » Au milieu - « Manufacture Jacquemart & Bénard, Paris, papier peint en arabesque, dessin attribué à Jean-Baptiste Huet, vers 1795, MPP, inv. N° 982 PP 66. » À droite - « Manufacture Réveillon, Paris, papier peint à motif répétitif, 1786, MPP, inv. 992 PP 8-21. »

« Vers 1800, les manufactures françaises développent la production de panoramiques. » Le musée offre des exemples de la manufacture Zuber à Rixheim dans son second étage. « Ces paysages qu’on pose sur tous les murs d’une pièce présentent essentiellement trois types des thèmes : littéraires ou mythologiques ; des vues de pays européens (Italie, Suisse) ou exotiques (Inde, Brésil, Amérique du nord) ; des scènes reprenant les loisirs de la bourgeoisie et de l’aristocratie (chasse, promenade dans les parcs...). »

Photographie ci-dessous : « Frise à paysage. Manufacture Inconnue. Fin du 18e siècle. Impression à la planche. Cliché © Musée du Papier Peint, Rixheim. »

« À partir des années 1830, le développement des moyens de transport comme le bateau à vapeur et le chemin de fer favorise l’essor du tourisme et l’expansion du commerce international. Le papier peint témoigne de la fascination de l’époque pour les progrès technologiques (construction de canaux, de ponts suspendus). »

« Sous le Second Empire, les grandes villes se dotent de parcs et de jardins où le public peut découvrir chaque année dans les serres les nouvelles essences de plantes exotiques importées. Celles-ci se retrouvent à foison sur les papiers peints des années 1850 à 1870. À mesure qu’elle est chassée des agglomérations par l’urbanisation, la nature envahit la décoration intérieure. »

Photographies ci-dessous : « Papier peint à motif répétitif. Manufacture Inconnue. Années 1840-1850. Impression à la planche. Cliché © Musée du Papier Peint, Rixheim. »

« Au tournant des années 1900, l’Art nouveau instaure une rupture en refusant le réalisme photographique. Les dessinateurs adoptent des formes stylisées, s’intéressant particulièrement à certains contours évocateurs comme ceux de l’arbre ou de la colline. Sous l’influence du japonisme, ils choisissent des cadrages audacieux, des compositions rythmées et des traits simplifiés. Les paysages se déploient sur de larges frises courant en haut des murs. »

Photographie ci-dessous : « Forêt, frise de papier peint. Manufacture Joseph Petitjean. Avant 1900. Dessinateur Maurice Dufrène (1876-1955). Impression à la planche. cliché © Musée du Papier Peint, Rixheim. »

Photographie ci-dessous : « Page d’album de papier peint. Manufacture Etablissement Motel Gaillard, EMG, Paris. Collection 1931. Impression mécanique aux rouleaux en relief. Cliché © Musée du Papier Peint, Rixheim. »

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