Voici un nouvel exemple de la gestion calamiteuse de notre patrimoine par nos instances publiques. Il n'est pas nécessaire d'être devin pour connaître le futur du château de Saint-Brisson-sur-Loire si on n'arrête pas dès à présent le processus.
Il s'agit d'un magnifique bâtiment féodal dont le début de la construction remonte au XIIe siècle. C'est le château de la Loire situé le plus en amont sur le fleuve.
Il est légué à la commune de Saint-Brisson-sur-Loire en 1987. Celle-ci s'en 'débarrasse' en 2015 en le vendant à une société, créée en juin 2014 par un particulier possédant deux autres châteaux, dont le but est l'exploitation touristique de tels lieux. Voilà un autre exemple de bien public illustre vendu au privé.
D'abord il y a le souci de l'évolution et de la pérennité de cette société. Qu'est-ce qui l'empêche de péricliter et d'être rachetée par une chaîne hôtelière ou pire ?
Le château a déjà commencé à être amputé de son intérieur avec une vente d'objets lui appartenant pendant trois jours à partir du 4 octobre. Sur le site d'Interenchères on apprend que seront liquidés par la commune les objets précieux qu'il y avait dans ce lieu : « bijoux anciens », « dentelles, argenterie et orfèvrerie du XVIIIème siècle, collection de boutons de livrées aux armes de nombreuses familles de la région, nombreux étuis en or, boites précieuses, magnifiques flacons à sels d’époque Napoléon III, plusieurs coffrets de voyage d’époque XVIIIème et XIXème siècles, important lot de miniatures du XVIIIème et XIXème siècles, nombreuses garnitures de cheminées, pendules en bronze doré », des statues et bronzes d'artistes reconnus du XIXe siècle, des portraits du XVIIIème et XIXème, et d'autres meubles, mobiliers, objets et œuvres d'art de ces siècles.
Sur cette page d'Interencheres il est aussi indiqué : « Il ne s’agit pas de démeubler le château mais de permettre à la commune de réaliser la vente d’objets trouvés dans les meubles et greniers, dans leur ambiance, dans ce merveilleux château. Chacun pourra acheter un objet chargé d’histoire à partir de dix euro. » Il s'agit pourtant bien d'enlever une grande partie du mobilier de ce château et d'y soustraire une partie de son « ambiance » d'origine. On le voit, en province, comme à Paris, les représentations publiques savent utiliser la 'novlangue' qui arrive à dire que faire blanc c'est faire noir ou le contraire.
On peut être sûr que ce démembrement n'est qu'à son début. Les Monuments historiques ayant pris l'habitude de n'inscrire que partiellement de tels domaines il faut s'attendre, par son nouveau propriétaire ou d'autres futurs, à des aménagements modernes dénaturant le lieu. Déjà d'en enlever les objets lui appartenant supprime de son âme. Comme on peut le lire sur Wikipédia les Monuments historiques ont classé en 1993 : « le parc, la terrasse, les douves, le pont, le plan d'eau, le canal, le sous sol, la salle à manger, la cour et le bassin ». C'est à dire que l'on peut détruire ou remplacer tout le reste si on le souhaite comme c'est le cas très souvent aujourd'hui comme je l'ai montré dans de bien trop nombreux articles.
Photographie de gauche provenant du site Interencheres.com.
Photographie de droite provenant de Wikipédia.