J'ai eu la chance de visiter la semaine dernière le chantier du Musée des beaux-arts de Nantes. Je vous en ramène mes impressions et des photographies.
Ce musée se situe dans sa plus grande partie dans un bâtiment inauguré en 1900. Nous avons là un exemple de la manière dont aujourd'hui on aborde trop souvent la 'rénovation' de notre patrimoine bâti ancien.
Je ne connaissais pas ce musée avant la semaine dernière. Il y a fort à parier que de multiples remaniements avaient déjà largement abîmé le lieu au XXe siècle. Ce que je reproche dans le chantier actuel c'est d'abord de continuer à 'gommer' l'aspect 1900. Le but de ce chantier n'est pas de redonner à ce lieu son lustre d'autrefois, de lui restituer son âme 'fin de siècle', mais d'agrandir le musée et d'en faire un lieu plus fonctionnel. Si et restaurés les façades, le grand escalier de l'entrée, une partie des murs et des stucs, le bâtiment a été éventré afin de le prolonger en sous-sol au niveau de sa cour centrale. Certaines pièces (peu nombreuses cependant) ont été démolies. Tout cela pour bétonner.
Au début du XXe siècle les murs devaient être peints, tapissés ou avec du papier peint. Je n'ai trouvé aucune trace de cela, sauf dans une petite salle (voir photographie) où il reste quelques peintures. Le bois devait être aussi très présent, de même que la ferronnerie. Mais là aussi presque plus rien ne subsiste. Les verrières d'époque ont été remplacées... Le mélange de moderne et d'ancien laisse une impression désagréable, que l'on ne ressent pas en allant dans la partie 100 % moderne, dans le bâtiment qu'on appelle « le cube ». De toute évidence les architectes aujourd'hui sont mal à l'aise avec l'ancien, et les dommages qu'ils lui causent sont irréversibles puisque agissant dans ses fondations, ce qui est peu visible de l’extérieur.
Et puis pourquoi vouloir absolument agrandir un musée en agissant sur la construction léguée ? La restauration de tous les bâtiments anciens devrait être envisagée de la même façon que pour un tableau ou un autre objet d'art. Pourrions-nous imaginer que l'on ajoute un chapeau à la Joconde parce que cela fait plus moderne, ou que l'on place ce tableau dans un cadre en fer, que l'on enlève son paysage d'arrière-plan, défraîchi pour y dessiner une autoroute, ou bien encore que l'on agrandisse l'oeuvre de plusieurs centimètres ?
Photographie de gauche : Sculptures de la façade principale extérieure.
Photographie de droite : Grand escalier.
Photographie de gauche : Seule pièce que j'ai rencontrée ayant conservé des peintures.
Photographies ci-dessous : Cour intérieure éventrée vue de dessus et depuis la base.
Photographies ci-dessous : Pièces
Photographies ci-dessous : Étages bétonnés.
Après avoir visité le chantier du Musée des beaux-arts, je suis allé dans le Musée d'histoire de Nantes du Château des ducs de Bretagne se situant dans la résidence ducale du XVe siècle. Quelle ne fut pas ma stupéfaction de constater que là aussi le lieu a été éventré mais d'une manière pire ; d'abord parce que le monument est près de cinq-cents ans antérieur à celui du Musée des beaux-arts, ensuite parce qu'on a détruit par caprice d'architecte et de manière particulièrement ostentatoire. Le chantier a eu lieu dans les années 2000. Le château a ouvert à nouveau en 2007. Afin de donner plus de lumière (!?!?) une partie a été cassée sur plusieurs étages !
Photographies ci-dessous : Intérieur du Château des ducs de Bretagne qui me semble la plus vandalisée. Non seulement l'architecte n'a pas cherché à rester dans le goût de l'époque (XVe siècle) avec ses structures modernes, mais il a détruit des pièces sur plusieurs étages afin de faire une sorte de puits allant du rez-de-chaussée jusqu'au toit. Les cheminées ont été murées et une se retrouve même dans le vide. Et les parties sculptées (il y en avait forcément) où sont-elles ?
Voilà comment on rénove des bâtiments anciens prestigieux en France en ce début de XXIe siècle !